D'Alger à Oran, en passant par Constantine, ville au point de départ de cette enquête, le nombre des mosquées s'est accru dans des proportions considérables, en Algérie, depuis les années soixante-dix.

Cette réactivation de la religion par les mosquées est liée tout à la fois à l'urbanisation accélérée du pays, résultat de la démographie et de l'exode rural, à l'absence de structures de culture et de loisirs, au quadrillage - politique, idéologique et policier - de la société. La crise du logement, et la promiscuité qu'elle entraîne, ajoutées à des conditions de vie difficiles, ont également contribué à rendre nécessaire la mosquée, lieu de prière, mais aussi espace de convivialité et de détente. Avec leurs salles d'ablutions, les hammâms offrent, en effet, un endroit irremplaçable pour les populations de quartiers surpeuplés et manquant d'eau.

Au-delà de la description vivante et minutieuse de ce phénomène des mosquées, l'auteur s'attache à démontrer comment certains groupes actifs, certaines couches sociales ont sollicité l'Islam dans le quotidien. Un Islam qui se révèle être, dans bien des cas, au-delà d'une source d'inspiration religieuse et culturelle, un moyen d'acquérir prestige et influence, et surtout un enjeu politique avec, aujourd'hui, la montée du Front islamique du salut (FIS). D'où la pluralité de l'Islam en Algérie, et les contradictions et déchirements qu'il ne cesse d'engendrer dans le corps social.