
A` la faveur de l’e´pide´mie de Covid, un grand nombre d’E´tats dans le monde ont de´clare´ l’e´tat d’urgence « sanitaire ». Deux de´cennies auparavant, au lendemain du 11 septembre, les Nations unies participaient par leurs re´solutions anti-terroristes a` la normalisation globale de ce me´canisme. L’e´tat d’exception s’impose désormais comme la re´ponse « technique » a` tous les de´fis du XXIe sie`cle : pande´mies, terrorisme, crises de la de´mocratie… jusqu’a` un e´tat d’urgence environnemental qui ne manquera pas d’arriver. Or, l’histoire enseigne que l’e´tat d’exception est un sas privile´gie´ du passage entre de´mocratie et dictature.Au travers d’une analyse historique, juridique et ge´opolitique, Euge´nie Me´rieau dessine les contours des mondialisations successives d’un e´tat d’urgence d’abord pense´ comme outil de gouvernance coloniale, explorant comment cette notion et sa pratique imposent une approche libe´rale-autoritaire de re´gulation des rapports de force aux e´chelles nationale, re´gionale et mondiale.Ce faisant, l’autrice déconstruit également l’ambivalence de la philosophie libérale de l’E´tat de droit dans son rapport à l’impérialisme, de Locke à Rawls en passant par Montesquieu, Tocqueville, Mill, Hayek, Friedman, Walzer et quelques autres.Politiste et juriste, Eugénie Mérieau est maîtresse de conférences en droit public à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut des Sciences Juridiques et Philosophiques de la Sorbonne (ISJPS/CNRS).